TOPECO2020 : Discours d'introduction de Pierre-Marie Hanquiez, Président du MEDEF 31
Jeudi 5 septembre a eu lieu le lancement de la 32ème édition du TOP ECONOMIQUE, le hors-série d'Entreprises Occitanie. A cette occasion, nous avons eu l'honneur d'accueillir Hubert Védrine, Ancien Ministre des Affaires Etrangères, pour une conférence sur "Face au chaos mondial, quelle stratégie pour l'Europe ?".
Une thématique ô combien d'actualité dans un contexte tant international que local mouvementé, comme l'a rappelé Pierre-Marie Hanquiez, Président du MEDEF 31, dans son discours d'introduction. Il a également profité de ce discours pour revenir sur la REF, l'Université d'été du MEDEF, lors de laquelle a été questionné le capitalisme de demain et l'aspiration à une société plus égalitaire. Pierre-Marie Hanquiez a ensuite poursuivi son discours en revenant sur le mouvement des Gilets Jaunes et ses conséquences économiques sur les entreprises de Haute-Garonne. Enfin, le Président du MEDEF 31 a rappelé le rôle du MEDEF, son engagement auprès des entreprises et les responsabilités de chacun :
"Nous sommes le Mouvement des Entreprises de France,
Avec une force unique : Etre Inter pro - Etre Inter taille.
Les enjeux méritent que nous tirions profit de nos différences."
Retrouvez ci-dessous le discours de Pierre-Marie Hanquiez dans son intégralité.
"Ces dernières semaines en effet, un certain nombre de nouvelles sont venues – pour le moins - assombrir le ciel international :
Au plus près de nous, la perspective d’une crise politique majeure en Italie, d’une croissance Allemande au ralenti, l’hypothèse d’un Brexit sans accord de plus en plus forte.
Un peu plus loin, l’escalade de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats Unis, les tensions au Cachemire, la situation explosive à Hong-Kong, l’Amazonie en feu…
En cette rentrée, quel chef d’entreprise aujourd’hui peut croire qu’aucun de ces évènements ne pourrait impacter son activité ? Notre monde aujourd’hui est global et le global est… de plus en plus local !
La simultanéité de ces crises estivales de nature bien différente ont, me semble-t-il, un dénominateur commun : celui de la disruption ! Notre monde est en plein bouleversement et les principes d’équilibre qui ont régi le siècle précèdent sont aujourd’hui mis à mal.
L’effet papillon se propage à la vitesse des tweets ! Le Global aujourd’hui impacte directement le local.
Ces changements de paradigme ne sont pas uniquement économiques ou géo politiques, ils englobent aujourd’hui des champs sociologiques, sociétaux qui traduisent assurément la fin d’un cycle et nous propulsent dans un monde nouveau.
C’est, dans ce contexte, où tous les regards sont tournés vers l’avenir, avec ses incertitudes mais aussi où le champ des possibles ne cesse de s’étendre, que s’est déroulée la semaine dernière la REF La Rencontre des Entrepreneurs de France (nouvelle formule des Universités d’Eté du Medef).
Cette année nous y avons questionné le capitalisme de demain. L’aspiration à une société plus égalitaire se manifeste aujourd’hui partout.
Les ruptures auquel le monde doit faire face : urgence démographique, réchauffement climatique, migrations … ont rendu les inégalités plus insupportables encore et conduisent à une remise en cause de nos modèles.
Les défis à relever sont nombreux pour proposer aux générations futures un monde meilleur, au regard des formes multiples d’inégalités perçues ou réelles de ce monde en devenir, qu’elles soient économiques, sociales, géographiques, climatiques…
L’accroche de cette nouvelle édition de notre rassemblement était « No(s) Futur(s) »…
Alors, je dois vous dire qu’au fil des échanges et des débats une musique de fond aussi percutante que celle du tube des Sex Pistols s’est fait entendre !
Cette musique de fond était relative :
- à la remise en cause des fondements du libéralisme tel que nous le connaissons,
- elle était relative à la remise en cause du fonctionnement de nos démocraties elles-mêmes et surtout,
- relative aussi au risque de voir se creuser les inégalités en rendant plus forts les plus forts…et plus faibles, les plus faibles!
Il ne vous aura pas échappé que ces questions évoquées au niveau mondial ne sont pas sans lien avec les évènements que nous avons connus dans notre pays depuis novembre 2018.
Depuis 10 mois, la crise des gilets jaunes a mis au grand jour des fragilités et des ruptures dans notre propre pays pointant de manière criante les préoccupations de « fin de mois » avec celles de « fin du monde »…
A ce stade il m’est impossible de ne pas évoquer les blocages, violences et dégradations commis en marge du mouvement des « gilets jaunes » qui ont été particulièrement importants dans notre région et notamment à Toulouse.
Nous avons toutes et tous en tête ces scènes qui ont provoqué un véritable effet de sidération !
Des baisses de chiffre d’affaires entre 20 et 50% suivant les activités et les zones touchées ont été recensées dès le début du mouvement, fin 2018, et de nombreuses TPE-PME rencontrent aujourd’hui des difficultés en raison de pressions sur leur trésorerie.
Si les commerçants et artisans du centre-ville ont été durement touchés, d’autres secteurs ont également souffert tels le transport, la logistique, le tourisme, l’hôtellerie et la restauration...
Dans ce contexte, nous ne pouvons que souligner la réactivité sans faille et la coopération exemplaire dans notre ville en particulier des entreprises, de leurs représentants et des acteurs publics locaux.
Elle doit se poursuivre et soutenir le déploiement de dispositifs supplémentaires et innovants pour apporter un soutien aux entreprises les plus touchées allant, il le faut, jusqu’à l’exonération de certaines charges et impôts.
Alors Oui, pour revenir à mon propos général : le Global est dans le local !
Pourquoi donc évoquer ces sujets ce soir et sans doute de manière trop rapide pour en traduire la complexité ?
Ma conviction profonde est que les entreprises ne peuvent être absentes de ces questionnements et ont un rôle majeur à jouer dans ce bouleversement global.
Vous m’avez très souvent entendu dire que l’entreprise détenait bon nombre de solutions aux problèmes posés par notre société. Nous devons donc prendre notre part à la construction de nouveaux équilibres.
Car si le global est dans le local….le local permet d’agir sur le global !
Geoffroy Roux de Bézieux dans son discours introductif de la REF a exprimé 3 convictions :
« Celle que les entrepreneurs réussiront comme à chaque fois à retrouver un futur, à réinventer le modèle de l’économie de marché.
Celle que les solutions sont entre nos mains et nos cerveaux d’entrepreneurs.
Enfin, que si nous sommes parfois à la racine du problème nous sommes aussi et surtout la solution. »
De la même manière et aussi pour seuls exemples,
En amont du G7, 50 des plus Grandes Entreprises Mondiales ont signé une Tribune remarquée sur leur ambition de participer à la lutte contre les inégalités dans le monde en intensifiant leurs initiatives dans le domaine de la responsabilité sociale.
En conclusion de la REF, 101 entreprises se sont engagées aussi à agir concrètement pour le climat.
C’est en cela que les défis qui nous sont posés deviennent enthousiasmants !
Notre ADN de chefs d’entreprise ne nous prédispose pas à la soumission mais à l’action. Nous sommes acteur de ce monde qui change ! Nous le sommes - chacune et chacun, dans nos entreprises - en prenant nos responsabilités et en adaptant nos processus, nos méthodes. En faisant preuve d’audace.
Pour illustrer ma pensée et sur le sujet des retraites par exemple : nous pouvons bien entendu avoir des positions fortes sur les meilleures recettes d’équilibre de ce régime : travailler plus longtemps, cotiser plus longtemps…
Il n’empêche que nous ne pourrons nous exonérer de notre propre action au regard de l’emploi des séniors dans nos entreprises !
C’est ce que j’appelle prendre nos responsabilités !
C’est en quoi l’action locale de chacune et chacun d’entre nous, en responsabilité, aura un impact sur le global !
Alors, il ne s’agit pas pour nous, les entrepreneurs, de devoir endosser seuls ces responsabilités, mais d’y prendre notre part et probablement, graduellement, en fonction de la taille et de la maturité de nos entreprises.
Je suis POUR la Responsabilité Sociale des Entreprises, MAIS je suis AUSSI POUR la Responsabilité Sociale des responsables politiques, des journalistes, des pouvoirs publics…bref de tous les acteurs en responsabilité dans notre société !
Comme l’a rappelé également Geoffroy :
« Dans un monde de disruption, de nouvelles aspirations de la société, de multiplication des parties prenantes, l’état n’a plus le monopole de l’intérêt général. Au même titre que les syndicats de salariés, au même titre que les ONG, les entrepreneurs sont dépositaires d’une partie du bien commun. Pas plus que les autres parties, mais pas moins non plus ».
C’est dans cette ligne que le MEDEF a souhaité en début d’année afficher son ambition au travers d’une raison d’être :
« Agir ensemble pour une croissance responsable »
Cet engagement d’un MEDEF « force de proposition » ne doit pas pour autant nous faire oublier notre vocation aussi à défendre pied à pied les intérêts de nos entreprises.
Il est une évidence que nous pourrons d’autant plus agir, innover, être porteur de solutions que notre environnement sera facilité.
Nous ne baisserons pas la garde et des sujets tels que ceux de la réforme des retraites, de la médecine du travail, des prud’hommes, du Budget et des fameuses niches fiscales…nous mobiliseront aussi.
Plus particulièrement sur notre territoire nous ferons en sorte de contribuer à la prochaine campagne électorale pour les municipales afin de faire entendre les attentes des entreprises mais aussi leurs propositions.
Car qu’il s’agisse de mobilité, d’attractivité, d’emploi, de fiscalité, il est inenvisageable que sur ces sujets, la voix des entreprises, celle des chefs d’entreprise soient laissées pour compte!
C’est pourquoi le rôle du MEDEF est essentiel !
Porter la voix des chefs d’entreprises, être force de proposition…c’est autour de ces réalités que nous nous mobilisons.
Je dis NOUS car je voudrais associer et remercier très sincèrement nos adhérents de plus en plus nombreux pour leur confiance et leur mobilisation au service de nos convictions.
Et, cela directement ou au travers de leurs branches professionnelles.
Je rêve que vous nous rejoigniez encore plus nombreux : Grands Groupes, ETI, PME, TPE...
Nous sommes le Mouvement des Entreprises de France,
Avec une force unique : Etre Inter pro - Etre Inter taille.
Les enjeux méritent que nous tirions profit de nos différences.
Le champ de l’action est vaste et notre engagement à porter notre contribution et celles des entreprises au devenir de notre société est intact ! Il est primordial.
Alors, faisons-le ensemble sur notre territoire !